Larousse, Dictionnaire du xixe siècle

LEBAILLY (Armand-Emmanuel, dit Armand)

LEBAILLY (Armand-Emmanuel, dit Armand)jeune poëte français, né à Gavray (Manche) le 22 avril 1838, mort à Paris le 6 septembre 1864. Il était fils d’un pauvre tailleur chargé d’enfants. Comme il était faible et chétif, mais doué d’une intelligence précoce, ses parents, sur les instances du curé de l’endroit, résolurent de le faire prêtre. Un vicaire lui enseigna un peu de latin et le mit à même d’entrer au petit séminaire dès l’année 1851. Neuf ans plus tard, nous retrouvons le jeune homme à Paris, dans une de nos salles d’hôpital. Sous son oreiller, une main bienveillante recueille un manuscrit, Italia mia, petit volume de vers dédié à Venise, que M. Legouvé prit sous son patronage, et pour lesquels il écrivit une touchante préface qui lui porta bonheur. Italia mia, composé d’une quarantaine de pièces, ayant la plupart pour sujet la nation italienne, ses malheurs et sa gloire, les hommes qu’elle a produits de Cincinnatus à Garibaldi, et célébrant la civilisation et la liberté, eut, au bout de quelques mois, les honneurs de la réimpression ; ce début fut salué heureusement, et la critique se plut à y voir d’énormes promesses. L’année suivante, Lebailly dédia à la presse française et étrangère, qui soutient la cause des peuples, les Chants du Capitole (1861, in-16), petit volume de trente-cinq pièces de vers inspirés des mêmes élans de liberté et de patriotisme, portant pour épigraphe :

Poëte, je donne des ailes
Aux faibles de l’humanité,
Je n’aime que la liberté
Et ses trois couleurs immortelles.

En 1863, il publia, dans la collection du bibliophile français, deux petits volumes elzéviriens, sur un poëte aussi célèbre par les malheurs de sa vie que par son talent : Œuvres inédites d’Hégésippe Moreau, avec introduction et notes (in-16 de 128 pag.), et Hégésippe Moreau, sa vie et ses œuvres, même format, de 124 pages, plaidoyer chaleureux et convaincu en faveur de l’homme et de son œuvre. Il donna, dans la même collection, une monographie de Madame de Lamartine (1864, in-16). En même temps, il fournissait à divers recueils des articles de critique littéraire ; mais, malgré sa grande jeunesse, et malgré toute sa verve, la misère et la phtisie le conduisirent d’hôpital en hôpital. En janvier 1864, il était à l’Asile de Vincennes ; en septembre il s’éteignait à l’hôpital Necker, âgé seulement de vingt-six ans. La Société des gens de lettres, dont il n’avait pas eu le temps de se faire recevoir membre, exauça le dernier vœu du pauvre poëte ; elle arracha à la fosse commune, où il avait été déposé, le corps de Lebailly, et le fit transporter à Gavray. C’est là que l’auteur d’Italia mia dort son dernier sommeil au milieu d’un site admirablement pittoresque. Lebailly a dû en grande partie l’adoucissement de ses dernières heures à M. Louis Ratisbonne, qu’il a, par reconnaissance, fait son légataire.



Valid HTML 4.01!