Larousse, Dictionnaire du xixe siècle

CHATTERTON (Thomas)

CHATTERTON (Thomas)poëte anglais, célèbre surtout par ses infortunes, né à Bristol en 1752, mort en 1770. Fils posthume d’un maître d’école, il fut élevé dans un école de charité, où il ne montra qu’une intelligence rétive et une mélancolie orgueilleuse et taciturne. Ses facultés étaient supérieures, cependant, et son ambition poétique s’éveilla dès l’enfance. Il se forma seul par la lecture, et de vieux manuscrits tombés entre ses mains, alors qu’il était clerc chez un procureur, lui donnèrent ce goût de l’archaïsme qui, chez lui, devint une monomanie. Il étudia les vieux dialectes anglais, et composa, dans le style et la manière du moyen âge, des poésies qu’il présenta comme tirées de vieux manuscrits, et qu’il attribuait plus particulièrement à un Thomas Rowley, moine et poëte du xve siècle. Il se fit même une sorte d’industrie du talent singulier qu’il avait acquis dans ce genre d’imitation, fabriqua une généalogie à un bourgeois vaniteux de Bristol, envoya des morceaux étendus, poëmes et tragédies, à un journal de Londres, et vint lui-même dans la capitale, entraîné par le succès qu’il avait obtenu et l’esprit exalté par les rêves chimériques de l’ambition. Il chercha des protecteurs dans les divers partis politiques, assez peu scrupuleux sur les moyens, vécut quelque temps de travaux de librairie et d’articles de journaux, mais finit par tomber dans une misère affreuse et s’empoisonna, après être resté plusieurs jours sans manger. Il avait à peine dix-huit ans. Un enthousiasme tardif s’attacha à la mémoire de cet adolescent infortuné, qui peut-être était destiné à la plus haute célébrité poétique, si l’orgueil et une âpre soif de célébrité et de fortune ne l’eussent tué avant son développement. Son caractère ne paraît pas d’ailleurs avoir été digne d’intérêt. Ses imitations poétiques, entre autres la Bataille d’Hastings, sont remarquables par l’énergie et un sentiment vrai du moyen âge. Ses autres poésies ont moins de mérite, à l’exception de quelques satires empreintes d’une singulière verve d’amertume. Il existe une traduction française des œuvres de Chatterton, par M. Javelin-Pagnon (Paris, 1840)



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