La nuit de la Toussaint
Romance
Marie
1er couplet.
— Ma porte, Julien, quel dommage !
S’ouvrit d’elle-même à tes pas :
C’est aux Saints qu’il faut rendre hommage ;
Julien, les Amours n’en sont pas.
À ma patronne, à la vierge Marie
N’insultons pas quand le pénitent crie…
   (Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.
Julien
2e couplet.
— Au doux signal qu’Amour te donne
Toujours cédant, toujours tu crains ;
Tu craignais hier ta Madone,
Tu crains aujourd’hui tous les Saints.
112
Plus de frayeur ! et qu’importe, Marie,
À nos amours le pénitent qui crie...
   (Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.
3e couplet.
Tremblante dès qu’un rayon terne
Blanchit tes vitres un instant,
Tu prends pour l’aube la lanterne
Qui dans aux mains du pénitent.
Aimons encor ; nous le pouvons, Marie ;
Le jour est loin quand le pénitent crie…
   (Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.
4e couplet.
Tu crains ton vieil époux, Marie,
Quand le vent souffle au corridor ;
De nos amours, je le parie,
Ce vent est complice, et l’endort.
113
Aimons toujours ; sans l’éveiller, Marie,
La cloche tinte, et le pénitent crie…
   (Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.
5e couplet.
L’amant part enfin, mais il tombe
Sous un poignard jaloux, hélas !
Et sans rêver poignard ni tombe
L’amante a fermé ses yeux las.
Réveille-toi : sous ton balcon, Marie,
Heurtant un mort, le vieux pénitent crie :

Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés !

Cette romance a été publiée dans le petit livre de M. Lhuillier. M. Alfred Bovet possède l’original. On ne trouve ces vers dans aucune édition précédente. [R. Vallery-Radot]


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