La Poudrette
D’après un autographe de Moreau
appartenant à M. J. Michelin
Du marché la clause est nette,
Et deux choix nous sont offerts ;
Monsieur Thiers ou la poudrette,
La poudrette ou monsieur Thiers.
Plus d’un électeur balance ;
Quant à moi, j’entends raison :
L’un n’est fatal qu’à la France,
L’autre infecte ma maison.
Fi donc, pouah !
Va pour Thiers, vive le Rouah !
Certains soufflets au système
En secret m’ont enchanté,
Car j’aime l’honneur, mais j’aime
Par-dessus tout la santé ;
Et, bien que, par caractère,
Je fronde un peu les abus,
J’ai moins peur du ministère
Que du choléra-morbus.
Fi donc, pouah !
Va pour Thiers, vive le Rouah !
Poussant l’État à sa perte,
Quand mons Thiers arrondit ses…
Ses périodes, Salverte
Agit et parle en français.
Mais en vain sa voie connue
Réclame, il faut qu’avant peu,
Bon gré, mal gré, j’éternue
Mon vote au juste-milieu.
Fi donc, pouah !
Va pour Thiers, vive le Rouah !
Du marché la clause est nette ;
Mais pas d’oubli, Monseigneur,
Sauvez-nous de la poudrette,
Sauvez-nous, pour votre honneur.
Le vent qui sur mon visage
Y soufflait un de ces jours,
Me fit baiser une page
De votre dernier discours.
Fi donc, pouah !
Va pour Thiers, vive le Rouah !

En marge, Moreau a inscrit la note suivante : Mettre Th… pour Thiers et Sal… pour Salverte, ou plutôt ne pas insérer cette pièce. [R. Vallery-Radot]


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