La Simonette
Air : Du bastringue
Amis, félicitez-moi vite :
De part le Roi, j’ai du mérite.
Vite, amis, félicitez-moi :
Je suis décoré par le Roi.
Il a fait preuve de lumière,
Ce prince à qui l’on n’en croit guère,
Lorsque sa faveur a cherché
Un mérite si bien caché.
L’esprit, les talents, l’éloquence
Sont une épidémie en France ;
Mais ce choléra, Dieu merci !
Ne m’a pas atteint jusqu’ici.
En vain l’on éclate en murmure ;
Aux croix, comme aux sous-préfectures,
J’avais un droit d’hérédité :
Vive la légitimité !
Financiers, fonctionnaires,
Quand nous avons fait nos affaires,
Nous daignons tous, de père en fils,
Faire un peu celles du pays.
La Saint-Charles est abrogée,
La Saint-Philippe est négligée,
Bientôt à Provins ce sera
La Saint-Simon qu’on fêtera.
Nous plaignons le sort des provinces
En feu pour le choix de leurs princes,
Notre dévoûment appartient
À chacun d’eux quand son tour vient.
Si chez nous d’Orléans s’arrête,
Pour le bercer nous tenons prête
La même calèche où jadis
On a promené Charles dix.
Prions Dieu qu’un grognard sévère
Ne vienne pas, comme à mon frère,
Me dire en public : Halte là !
Où diable as-tu gagné cela ?


Cette pièce a été inspirée par le même sentiment d’impatience que la pièce sur la croix d’honneur. Il s’agissait de M. Simon, sous-préfet de Provins en 1830, qui venait d’être décoré. [R. Vallery-Radot]


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