Larousse, Dictionnaire du xixe siècle

LAURENT-PICHAT (Léon)

LAURENT-PICHAT (Léon)littérateur, publiciste et homme politique, né à Paris en 1823. Il fit une partie de son éducation à Saint-Mandé, où il se lia intimement avec le fils de son maître de pension, M. Henri Chevreau, qui devait être, sous l’Empire, préfet, sénateur et ministre, puis il termina ses études au collège Charlemagne. Possesseur d’une fortune considérable, M. Laurent-Pichat voulut compléter son instruction par des voyages. Vers 1841, il quitta Paris avec son ami Chevreau, et visita successivement avec lui l’Italie, l’Égytpe et la Syrie. Tout en voyageant, les deux amis cultivaient la poésie, pour laquelle M. Laurent-Pichat avait montré des dispositions précoces, dispositions qui n’avaient fait que s’accroître au contact de Victor Hugo, dont le jeune poëte était devenu un des familiers et l’enthousiaste admirateur. Quelque temps après leur retour à Paris, les deux jeunes gens publièrent en commun leurs productions poétiques sous le titre de : Voyageuses (1844). Vers cette époque, M. Laurent-Pichat commença à tourner son esprit sérieux vers l’étude des questions politiques et sociales. C’est sous cette inspiration qu’il composa des poésies, réunies sous le titre de : les Libres paroles (1847). Après la révolution du 24 février 1848, M. Laurent-Pichat, partisan des institutions républicaines, s’attacha à les défendre dans le Propagateur de l’Aube, journal fondé par M. Louis Ulbach. Deux ans plus tards, il publia sa Chronique rimée (1850), comprenant trois parties : les Légendes, la Chronique de Jacques Bonhomme, les Heures de patience, recueil dans lequel il s’attache à démontrer, par l’exemple, que la poésie doit se transformer au contact des idées nouvelles, et aborder les difficiles problèmes de la philosophie sociale. Sous l’Empire, il fit revivre la Revue de Paris, dont il fut un des rédacteurs et le propriétaire (1853), et qui fut supprimée, à la suite d’une condamnation, en 1858. Il collabora ensuite à la Correspondance littéraire, et publia, pendant les dernières années de l’Empire, dans le Phare de la Loire, une remarquable correspondance qui lui attira plusieurs condamnations. En 1868, M. Laurent-Pichat conçut le projet de faire paraître une Encyclopédie générale, dont la publication a été interrompue après la révolution du 4 septembre 1870 ; il collabora à la Cloche de Louis Ulbach. À la suite du mouvement qui éclata à Paris le 18 mars 1871 et qui amena l’élection de la Commune, M. Laurent-Pichat fit partie d’un comité de conciliation ayant pour but d’amener une transaction entre la Commune de Paris et le gouvernement de Versailles. Élu représentant de la Seine à l’Assemblée nationale, lors des élections complémentaires du 2 juillet suivant, il alla siéger à l’extrême gauche, parmi les plus chauds défenseurs de la République. Il vota contre la loi départementale, la dissolution des gardes nationales, le pouvoir constituant de l’Assemblée ; contre la proposition Rivet, qui a confié à M. Thiers le titre de président de la République ; pour le maintien des traités de commerce ; contre l’impôt des matières premières, pour le retour de l’Assemblée à Paris, etc. Lors de la discussion qui eut lieu entre MM. Changarnier et Denfert-Rocherau le 28 mai 1872, ce fut M. Laurent-Pichat qui, apostrophant le premier, s’écria : Nous nous appelons Belfort, et vous vous appelez Metz.

Outre les ouvrages précités, on doit encore à M. Laurent-Pichat : Cartes sur table (1855), recueil de nouvelles publiées dans la Revue de Paris ; la Païenne (1857) ; la Sibylle (1859) ; Gaston (1860), romans ; Commentaires de la vie (1868), nouvelles ; Avant le jour(1869), recueil de poésies. Citons, enfin, les Poètes du de combat (1862), livre dans lequel il a réuni des causeries faites par lui aux Conférences de la rue de la Paix.


Dans la préface à son dictionnaire, Émile Littré écrit : J’ai eu quelques auxiliaires bénévoles. Je citerai M. Laurent-Pichat, nom cher aux lettres ; il a bien voulu me communiquer d’utiles remarques.

Laurent-Pichat fut l’un des sénateurs à vie de la IIIe République.

Léon Laurent-Pichat, mort en 1886, est enterré au Père-Lachaise à Paris.



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