PYAT (Félix) auteur dramatique et homme politique français, né à Vierzon (Cher) le 4 octobre 1810. Son père, qui était avocat, appartenait au parti légitimiste. Au sortir du collège de Bourges, où il avait fait de brillantes études, Félix Pyat se rendit à Paris pour y suivre les cours de la Faculté de droit. Loin d’adopter les idées politiques de son père, le jeune étudiant se jeta dans le mouvement qui poussait l’élite de la nation à faire une guerre vigoureuse au gouvernement de Charles X. Il joua un certain rôle, malgré sa jeunesse, dans les agitations du moment, et en 1829, dans un banquet, on le vit porter un toast à la Convention et remplacer le buste de Charles X par celui de La Fayette. Un an après la révolution de Juillet, il se fit recevoir licencié et inscrire sur le tableau des avocats de Paris. Mais se sentant peu de goût pour le barreau, il ne tarda pas, malgré les instances de sa famille, à renoncer à cette carrière pour entrer dans le journalisme.
Félix Pyat déploya alors une extrême activité littéraire. On le vit collaborer au Charivari, au Figaro, à la Revue démocratique, au Siècle, où il fut chargé du feuilleton en 1838 ; au National, où il donna un très-grand nombre d’articles, de 1835 à 1841 ; à la Revue britanique, dont il devint le directeur ; à l’Europe littéraire, à la Réforme, etc. En même temps, il écrivait l’épisode exquis des Filles de Séjan, qui se trouve dans le Barnave de Jules Janin ; il publiait un Café de vaudevillistes en 1831 et le Théâtre-Français, dans le Livre des Cent-et-un ; les types du Bourreau, du Berruyer et du Solognot, dans les Français peints par eux-mêmes ; Télémaque révolutionnaire, curieuse étude, dans Paris révolutionnaire ; l’Anneau et le Secret de Dominique, dans le Salmigondis, etc. Beaucoup de ses articles et de ses études, écrits d’un style nerveux, imagé, furent très-remarqués ; néanmoins, ce fut à ses productions dramatiques qu’il dut sa réputation littéraire et le bruit qui se fit autour de son nom pendant le règne de Louis-Philippe. Presque toutes ses pièces, destinées à mettre en relief des idées politiques et sociales, excitèrent une vive émotion, aussi bien par le fond que par la forme, vigoureuse, souvent paradoxale, hérissée de traits satiriques, visant trop à l’effet, à l’antithèse, mais révélant une originalité réelle, Félix Pyat débuta par une Révolution d’autrefois ou les Romains chez eux, drame en trois actes, en collaboration avec Théodore Burette. Cette pièce, jouée à l’Odéon le 1er mars 1832, était remplie d’allusions politiques qui soulevèrent de vives clameurs dans le monde officiel et firent interdire le drame dès le lendemain. L’année suivante, il fit paraître, avec le même collaborateur, dans la Revue des Deux-Mondes, un autre drame, une Conjuration d’autrefois, vive satire des mœurs romaines. Il écrivit ensuite, avec Luchet, le Brigand et le philosophe, joué à la Porte-Saint-Martin (22 février 1834) ; puis, seul, Ango, représenté à l’Ambigu le 29 juin 1835 ; Arabella, drame publié en 1838 dans l’Europe littéraire, et dans lequel il mettait en scène sous des noms étrangers les auteurs supposés de la mort du prince de Condé ; les Deux serruriers, drame joué avec un grand succès à la Porte-Saint-Martin le 25 mai 1841 ; Cédric le Norvégien, donné à l’Odéon en 1842 ; Mathilde, drame tiré des romans d’Eugène Sue et représenté en 1842 à la Porte-Saint-Martin ; enfin, deux pièces qui eurent un grand retentissement et dont nous avons parlé dans les articles spéciaux, Diogène (1846) et le Chiffonier de Paris (1847). Trois ans auparavant, en 1844, Félix Pyat avait publié dans la Réforme (4 janvier 1844) un pamphlet intitulé : J.-M. Chénier et le prince des critiques, dans lequel il répondit avec une grande virulence aux attaques dirigées contre Chénier, à propos de sa tragédie de Tibère, par J. Janin dans un article des Débats. Jules Janin, se trouvant gravement offensé, poursuivit devant la police correctionnelle son ancien collaborateur, qui fut condamné à six mois de prison.
La révolution de 1848 vint modifier profondément la vie de Félix Pyat. Dès ce moment, sa carrière littéraire est finie, et son existence politique, qui devait être si agitée, commence. Nommé par le gouvernement provisoire commissaire général du Cher, il remplit pendant un mois ces fonctions et fut élu dans ce département, au mois d’avril, représentant du peuple à l’Assemblée constituante. Il alla siéger parmi les démocrates les plus avancés de la Chambre, dont il fut pendant quelque temps un des secrétaires, fit partie du comité de l’intérieur et vota constamment avec les représentants de la Montagne. Plusieurs des discours qu’il prononça alors, et dans lesquels on retrouve les procédés ordinaires de son style, furent très-remarqués. Nous citerons notamment ceux du 7 août 1848, sur la liberté de la presse ; du 5 septembre, sur la présidence, et du 2 novembre, sur le droit au travail. Un toast aux paysans, qu’il porta dans un banquet, eut surtout un très-grand retentissement et le rangea au nombre des socialistes les plus passionnés. Vers le même temps, il eut un duel avec P.-J. Proudhon. Lors des élections du 13 mai 1849 pour la Législative, il fut élu représentant à la fois dans la Seine et dans le Cher, et il opta pour ce dernier département. Le 11 du mois suivant, il signa l’appel aux armes rédigé par Ledru-Rollin, au sujet de l’expédition de Rome, se rendit avec ce dernier au Conservatoire des arts et métiers (13 juin) et parvint à s’échapper lorsque la troupe pénétra dans cet établissement, gagna peu après la Suisse et fut condamné par contumace à la déportation par la haute cour de justice.
Pyat espérait que son exil serait de courte durée ; mais son attent fut trompée, car il ne devait rentrer en France qu’au bout de vingt ans. En 1851, il fit paraître en Belgique, àù il s’était retiré, un assez grand nombre d’écrits : les Loisirs d’un proscrit (in-18) et les Lettres d’un proscrit, pamphlets enfammés, adressés au comte de Chambord, à Louis-Napoléon Bonaparte, au prince de Joinville, à Barbès, aux ouvriers, à la France, etc. Après le coup d’état du 2 décembre 1851, Félix Pyat se réfugia en Angleterre. Dans une Lettre aux proscrits, publiée à Londres en 1855, il exposa le programme que devaient suivre, suivant lui, les démocrates socialistes lorsque aurait sonné l’heure de la revanche. Nous citerons un passage de cet écrit, parce qu’il donne une idée parfaite de la manière de Pyat : Nous attaquerons le jour même de la révolution, dit-il, pour n’être pas attaqués le lendemain, pour avoir le bénéfice du premier coup. Oui, le jour même, nous publierons ce nouveau manifeste, réparateur de l’ancien : Au nom du droit éternel, universel, imprescriptible, la République française ne reconnaît pas de rois, elle ne reconnaît que les souveraineté des peuples. Tous les peuples sont maîtres de disposer d’eux-mêmes, selon le besoin de leur nature et dans la plénitude de leur volonté. L’insurrection est le droit des peuples esclaves, la solidarité est le devoir des peuples libres. La France, libre, entreprend donc la guerre pour les opprimés et contre les oppresseurs. Elle ne veut ni conquête ni tribut. Après la victoire, les peuples libres et fédérés fixeront eux-mêmes la contribution de chacun, suivant ses ressources, dans les frais de la guerre. Oui, nous le jurons, nous ferons la guerre sur ces clauses, sans délai, sans colloque, sans répit, sans merci, la guerre sainte, la guerre du droit, la guerre à mort, la dernière guerre ; nous la ferons sans compter, sans mesurer ni l’or ni le sang ; nous la ferons par tous les moyens et de toutes nos forces, proclamant encore la patrie, la grande patrie en danger, appelant tous les courages, tous les dévouements, tous les cœurs, tous les bras de notre France ; nous ferons avec les levées en masse, les réquisitions forcées, avec les quatorze armées de la République, avec ses volontaires, ses sans-culottes, ses pieds nus, ses chansons et sa furie ! Nous la ferons avec l’audace de Danton, l’énergie de Saint-Just, le désintéressement de Robespierre, avec toute l’héroïque terreur de la Révolution ; nous la ferons en répétant le cri de nos pères, plus sublime encore, s’il se peut, de toute la plus-value de la cause. En 1858, à l’occasion de l’attentat d’Orsini contre Napoléon III (14 janvier 1858), Pyat publia une apologie de l’entreprise du révolutionnaire italien. Sur les instances du gouvernement impérial, Pyat fut traduit devant un tribunal anglais, qui l’acquitta. A partir de ce momement jusqu’en 1869, il fit peu parler de lui et continua à mener l’âpre vie de l’exil.
A la suite de l’amnistie générale du 15 août 1869, Félix Pyat revint en France, sans parvenir à entraîner V. Hugo, Louis Blanc et d’autres proscrits à suivre son exemple. Il devint alors un des rédacteurs du Rappel ; mais, en dix-sept jours, il fut frappé de quatre condamnations, entraînant dix-sept mois de prison, pour délit de presse, et se cacha, sous divers déguisements, pour ne pas être arrêté. Peu après l’assassinat de Victor Noir par le prince Pierre Bonaparte, un banquet démocratique eut lieu à Saint-Mandé le 21 janvier 1870, jour anniversaire de la mort de Louis XVI. Pyat, que sa situation empêchait d’y assister, chargea son secrétaire, Gromier, de lire aux convives une lettre et un toast de lui. Voici cette lettre :
« Citoyens,
»… Je ne puis assister ce soir à votre banquet républicain. J’aurais voulu vous dire là que le régicide est de droit, que de fait il est la base de toute grande et forte république…; que toute dynastie est un bois qui repousse si on ne perpétue pas le bûcheron ; qu’Athènes a élevé une statue à Harmodius, Rome à Scævola. France ! où est la statue de Robespierre ?
» Enfin, j’aurais voulu conclure en vous disant que le meilleur moyen de commémorer les tyrans morts est d’abattre les vivants, qu’il n’est pas logique de fêter un roi enterré sous un empereur debout, et que ce n’est pas précisément Louis XVI qui nous gêne aujourd’hui ; mais au lieu d’aller vous faire un discours, je dois me contenter de vous envoyer mon toast à une balle.
» Salut et fraternité.
Voici le toast :
» Altesse !
» Il y a huit jours, deux cent mille hommes rendaient un hommage solennel à ta victime. J’ai, moi, à te donner un conseil non moins solennel aujourd’hui 21 janvier.
» … Ton crime veut sa peine ; l’aura-t-il ?.
» … Non ! une balle d’empire brave les hautes cours et vit impunie, acquittée par le jury.
» Eh bien, écoute !
» Tu peux mériter ta grâce ; que dis-je ! ta réhabilitation. Tu peux changer ton éternel opprobre en immortel honneur. Tu peux être plus historique et plus épique que l’épée de Judith, la flêche de Telle, la hache de Cromwell, le couperet de Robespierre et la balle même de Juarez.
» Réfléchis !
» Tu n’as qu’à faire aux mains d’un homme ce que tu as fait aux mains d’un prince. Si ta mission est de tuer, tue au moins une fois, une dernière fois pour l’amour de l’humanité.
» Il est temps ! .
» O petite balle !
» Tu peux être la vie comme la mort. Tout dépend de toi, de toi seulseule. Chacun t’invoque, tout le monde t’attend, n’espère qu’en toi ! Tout le monde !… Car si la France marche, le monde marche ; si elle penche, il tombe. — Petite balle de bon secours, relève tout !… Petite balle de l’humanité, délivre-nous, délivre-nous tous !
» Comment ?
» Si tu ne devines pas, tu n’es pas digne de l’apprendre ! Reste infâme ! Si tu le sais, n’en dis rien à personne. Si tu consens, plus de larmes ! Ça mouille la poudre ! Vise bien ! Comme avec le prince, n’aie pas la goutte aux mains. Ne manque pas ton coup ! et si tu touches, sois en repos, tranquille ! Deux cent mille hommes ont maudit ton crime ! deux cents millions d’hommes béniront ta gloire. Justice sera faite ! »
Ce toast, qui fit grand bruit, valut à Pyat d’être compris au nombre des accusés traduits, le 19 juillet 1870, devant la haute cour de Blois. Craignant de plus en plus d’être arrêté, il se décida à retourner en Angleterre et ce fut par contumace que la haute cour le condamna, le 9 août suivant, à cinq ans de prison et 6,000 francs d’amende. De 1849 jusqu’à la révolution du 4 septembre 1870, Pyat avait été frappé par toutes les juridictions, depuis la haute cour jusqu’à la police correctionnelle. Il comptait à son passif 212,000 francs d’amende, une condamnation à la déportation, vingt-neuf ans et cinq mois de prison, cinq ans de surveillance et dix ans d’interdiction.
A la nouvelle de la chute de l’Empire, Pyat s’empressa de revenir à Paris. Il fonda un journal, le Combat, dans lequel il ne cessa d’attaquer le gouvernement de la Dérense et préconisa l’idée de le remplacer par une commune révolutionnaire. Le 28 octobre 1870, au matin, il publia dans le Combat cette note encadrée de noir : Le maréchal Bazaine a envoyé un aide de camp au roi de Prusse pour traiter de la reddition de Metz. Cette nouvelle produisit la plus vive sensation à Paris. Les gardes nationaux, qui n’y pouvaient croire, envahirent, à la suite d’un démenti du Journal officiel, les bureaux du Combat, s’emparèrent de Delimal, secrétaire de la rédaction, et le conduisirent à l’hôtel de ville, où Rochefort le fit mettre en liberté. Pyat avait déclaré qu’il tenait la nouvelle de Flourens, qui l’avait apprise de Rochefort ; mais Rochefort affirma qu’il ignorait complètement ce qui se passait à Metz, qu’il n’avait pas vu Flourens depuis plusieurs jours, et Flourens confirma cette assertion dans une lettre au Réveil, lettre dans laquelle il disait tenir la nouvelle d’un attaché au gouvernement. Pyat, accusé publiquement alors par Rochefort d’être un lâche et un poltron, de s’être toujours dérobé prudemment aux dangers auxquels l’exposaient les violences de ses polémiques et de ses discours, de s’être abrité derrière une fenêtre pendant l’enterrement de Victor Noir et d’avoir le lendemain condamné à grands cris ceux qui n’avaient pas voulu mener le peuple à une boucherie certaine, Pyat se vit alors anathématisé dans les réunions publiques. Mais, le 31 octobre au matin, le gouvernement avoua dans le Journal officiel et afficha dans Paris la reddition de Metz, au moment même où on apprenait le désastre du Bourget. A la stupeur succéda la plus profonde agitation (v. octobre 1870 [journée du 31]). L’Hôtel de ville fut envahi. Félix Pyat fit partie de ceux qui réclamèrent l’établissement de la commune de Paris et fut nommé par acclamation membre du comité de Salut public. Ce ne fut pas sans peine qu’il parvint à quitter l’Hôtel de ville lorsque les gardes nationaux et les mobile, partisans du gouvernement de la Défense, parvinrent à s’en rendre maîtres et à comprimer le mouvement. Dans des articles publiés dans son journal, sous le titre de Ma part dans la journée des dupes républicaines, Pyat fit l’apologie de sa conduite pendant la tentative du 31 octobre. Il n’en fut pas moins arrêté et enfermé à la Conciergerie. Rendu à la liberté le 14 novembre, il continua, dans le Combat, à faire une guerre acharnée au gouvernement de la Défense et ne fut pas étranger à la nouvelle tentative faite le 22 janvier 1871 pour renverser le gouvernement. Un des premiers actes du général Vinoy, qui remplaça, ce même jour, le général Trochu comme gouverneur de Paris, fut de supprimer le Combat. Le 4 février suivant, Pyat fondait un nouveau journal, le Vengeur. Quatre jours plus tard, il devenait un des députés de la Seine, le onzième sur quarante-trois, par 145,872 suffrages. Il alla siger alors à l’Assemblée nationale, qui se réunit à Bordeaux, vota le 1er mars contre le traité de paix avec la Prusse, et, dans la séance du 3 mars, il lut à l’Assemblée une lettre dans laquelle il disait : Je proteste contre le vote d’avant-hier, non par ma démission, car l’Assemblée n’a pas le droit de l’accepter ; elle est dissoute de droit par son vote. En mutilant la France, elle s’est tuée. En effet, elle ne représente plus la France, toute la France qui l’a nommée. Je conserve donc mon mandat, tout en me retirant de cette Assemblée où je ne rentrerai pas, tant que son vote parricide ne sera pas annulé. De retour à Paris, il continua à rédiger le Vengeur, poursuivant également de ses attaques virulentes les réactionnaires, les républicains modérés et Gambetta, qui n’avait fait nommer, disait-il, que des royalistes par toute la France. Le 12 mars, un arrêté du gouverneur de Paris suspendit la publication du Vengeur, ainsi que celle de cinq autres journaux.
Lorsque l’enlèvement des canons de Montmartre provoqua le soulèvement formidable du 18 mars et amena l’installation du Comité central à l’Hôtel de ville, Félix Pyat parut se tenir à l’écart et il ne fut question de lui que lors des élections pour la Commune. Le 26 mars, 11,813 électeurs du Xe arrondissement l’appelèrent à faire partie de cette assemblée, qui le nomma le 30 mars membre de la première commission exécutive. A ce titre, il joua un rôle important dans les événements qui précipitèrent la rupture entre Paris et l’Assemblée de Versailles et vota, le 5 avril, la loi sur les otages. En même temps, il continua à rédiger le Vengeur, dont il avait repris la publication le 18 mars. Ayant rappelé, dans son journal, au sujet du Paris livré de Flourens, ce qui s’était passé entre lui et Henri Rochefort à propos de la capitulation de Metz, celui-ci lui répondit dans le Mot d’ordre du 8 avril : S’il plaît au dictateur rédacteur en chef du Vengeur de s’abriter derrière soixante mille baïonnettes pour raviver ses vives querelles, sa réputation de vaillance n’en sera certainement pas augmentée. Je trouve déjà extrêmement singulier, pour ma part, qu’un membre de la Commune continue à rédiger un journal, surtout quand cet élu du peuple, à qui il doit tout son temps, préside quotidiennement à la suppression d’autres journaux qu’il ne dirige pas.
Le 20 avril, Félix Pyat ne fut pas réélu membre de la seconde
commission exécutive. Le lendemain, il demanda qu’on distribuât
gratuitement le Journal officiel de la
Commune et, ce même jour, dans une lettre adressée au président de
l’assemblée communaliste, il déclara que, ne reconnaissant pas valables
les élections complémentaires du 16 avril, validées le 20, il se voyait
forcé de donner sa démission de membre de la Commune. Dans la séance du
22 avril, Vermorel prit la parole : Nous avons
reçu, dit-il, la démission de Félix Pyat, mais cela ne le dispense pas de la
responsabilité des actes auxquels il a participé. Le Vengeur d’hier blâme avec force la
suppression de plusieurs journaux : je tiens à constater que cette mesure
a été approuvée ici par le citoyen Pyat et qu’il en a même, dans une
certaine mesure, pris l’initiative. Cette déclaration valut à
Vermorel d’être criblé de sarcasmes par Pyat, qui, dans un article du
Vengeur, l’appela bombyx à
lunettes ;
à quoi l’ancien rédacteur du Courrier français répliqua en qualifiant
l’auteur du Chiffonnier de Paris de
conspirateur en chambre.
Quelques jours après, Félix Pyat reprit son
siège à la Commune, uniquement, écrivait-il, pour complaire aux vœux des
citoyennes du Xe arrondissement. Le 1er mai, il vota pour l’institution d’un
comité de Salut public, dont il fut appelé le jour même à fair epartie, et
remplit ces fonctions jusqu’au 9, où il fut remplacé par Delescluze. Le
Réveil, inspiré par ce dernier, écrivait le
lendemain ces lignes sévères : Les véritables
audacieux sont ceux-là qui, dépositaires du pouvoir souverain, n’ont su
qu’y perdre le temps en bavardages, dans ils ne se sont pas faits les
patrons de l’anarchie et de la désorganisation militaire dans la
cité. M. Félix Pyat doit nous comprendre… L’ancien
membre du comité de Salut public ne prit qu’une part effacée aux
discussions des séances de la Commune. Il insista particulièrement dans son
journal pour que la maison de M. Thiers tombât à l’heure même où
tomberait la colonne, et il présida à la chute de ce monument (16 mai). Le
22 mai, au moment où les troupes de l’armée de Versailles
pénétraient à Paris, il publia le dernier numéro du Vengeur, qui contenait une courte proclamation
appelant les fédérés à la résistance à outrance. Le soir, sur sa prposition, la
Commune décida que chacun de ses membres se rendrait dans son arrondissement et
là dirigerait les barricades. Peu après il disparut. On raconte qu’il se
réfugia dans une maison située dans le quartier des Champs-Elysées et que là,
pendant fort longtemps, il remplit l’office de jardinier. Pour faire
croire qu’il avait gagné la frontière, il fit publier dans les journaux
suisses, au mois de juin 1871, une lettre signée de lui. Toutefois, ce ne fut,
dit-on, qu’environ un an plus tard qu’il quitta Paris pour se
rendre à Londres, où il faisait paraître une nouvelle lettre le 30 mai
1872. Le 27 mars 1873, Félix Pyat a été condamné à mort par contumace par
le 3e conseil de guerre.
(Aimé) Félix Pyat
adhère à l’Internationale en 1864 et s’y heurte à
Marx qui n’apprécie pas ses effets de théâtres
.
Il revient d’exil une dernière fois après l’aministie de 1880. Il fonde, en 1880, La Commune, en 1881, La Commune libre. Il est élu sénateur du Cher en 1887 puis député des Bouches-du-Rhône en 1888.
Il meurt le 4 avril 1889. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.
On trouvera dans l’Encyclopedia Universalis, Index Philippa — Zyriane, © 1985, un article sur Félix Pyat dont on ne peut pas dire qu’il reflète une tendresse profonde pour sa personne.