1. Cette lettre, datée de Provins le 1833-08-1010 août 1833, a été publiée par M. René Vallery-Radot dans son livre de 18771877 : Souvenirs littéraires. Comme elle a trait au Diogène, en voici un extrait qui atteste les embarras du poète, en dehors des tracasseries que l’on sait, lorsqu’il s’agissait de rimer à date fixe, de produire à peu près périodiquement une livraison contenant deux cents vers :

« Je suis malade et pauvre, mon ami, faites-moi l’aumône. Ce n’est pas de l’argent que je vous106 demande, nous n’en avons ni l’un ni l’autre ; mais moi, je puis m’en passer. Dans mon pays l’amour et l’amitié entourent ma misère de toutes les commodités du luxe. Mais j’ai pris des engagements avec mes souscripteurs ; je leur dois toutes les semaines deux cents vers, et depuis un mois je végète dans un état d’idiotisme, rarement interrompu par des moments lucides. Vous en aurez la preuve dans les vers que je vous envoie. Mais vous avez sans doute des lambeaux poétiques que vous ne vous donnerez jamais la peine de recoudre ; pour m’aider à faire mon livre, envoyez-moi vos rognures. Je rafistolerai si bien toute cette brillante friperie que mes abonnés, myopes, n’en verront pas le fil. »

Que le lecteur se rassure. Cette finale n’était qu’une façon plaisante d’avouer le souci que lui causait sa muse rebelle ; elle ne porte point atteinte à la dignité littéraire de Moreau. Son ami, qui le connaissait bien, ne vit là qu’une fantaisie de poète malade, et Moreau aurait été fort irrité si M. Vallery-Radot ne lui avait répondu — comme il le fit — en souriant.107

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