Les jeux de l’amour et du hasard
Quoi ! vous qui demeuriez sans voix
Devant un couplet trop grivois,
Vous si prude, mademoiselle,
C’est vous qui me donnez… Ah ! Dieu !
Peut-on tricher à si beau jeu ?
J’ai gagné la…
La prime à ce jeu-là,
Et pourtant Rose est presque fidèle.
L’un de mes frères les rimeurs
M’aurait-il soufflé ses primeurs ?
Il n’est plus de muse pucelle,
Et les bois du Pinde, malsains,
Mènent tout droit aux Capucins.
J’ai gagné, etc.
Apprenant que Châtel dort mal
Dans son grenier pontifical,
Par pure obligeance aurait-elle
Accepté l’honneur hasardeux
D’être papesse une heure ou deux ?
J’ai gagné, etc.
Feu mon curé, plein d’onction,
En un vase d’élection
Vint-il exprès changer ma belle,
Pour que Satan, son héritier,
Se brûlât dans un bénitier ?
J’ai gagné, etc.
Mais non : Rose voit de travers
Les marchands de prose et de vers,
Les dieux de facture nouvelle ;
Et quant au goût du tonsuré,
Trois lycéens m’ont rassuré.
J’ai gagné, etc.
Fermons les yeux, pour cent raisons ;
S’il le faut même, supposons
Quelque ange ou diable amoureux d’elle.
Amants chrétiens, imitez-moi :
Pour vivre en paix ayez la foi.
J’ai gagné la…
La prime à ce jeu-là,
Et pourtant Rose est presque fidèle.