Les Croix d’honneur
Nouvelle version
Vieux chevalier sans reproche et sans peur,
En rougissant cachez vos croix d’honneur.
De quel un éclat il brillait sous le feu,
Cet astre pur, aujourd’hui dérisoire,
Quand, pour parer un uniforme bleu,
Il s’échappait des mains de l’Homme-Gloire !
Cet astre pur, à l’armée, au forum,
Lançait toujours ses rayons au plus digne ;
Pour le soldat, Dieu sur ce labarum,
Avait écrit : Tu vaincras par ce signe.
À ce trésor, que son sang achetait,
Le mutilé, sans plainte et sans murmure,
Tendait gaîment le bras qui lui restait
Et de lauriers parfumait sa blessure.
Oui, cachez-les, brisez-les, car j’ai vu
Dans les pouvoirs en faire une livrée ;
J’ai vu des cœurs qui n’ont jamais battu,
S’enfler d’orgueil sous l’étoile sacrée.
Gloire à Guizot ! Tartuffe, qu’on sifflait,
Pour se sauver, embrasse sa doctrine,
Et le saint homme, au lieu d’un chapelet,
Pend aujourd’hui la croix à sa poitrine.
Pour décorer ses fidèles bourreaux,
L’ordre public, dont le drapeau l’emporte,
A découpé le bonnet en lambeaux
Qu’il arrachait à la Liberté morte.
Que dis-je ? non : le peuple saura bien,
Vous séparant d’une ligue ennemie,
Au vil esclave, au soldat-citoyen,
Faire sa part de gloire et d’infamie.
À vous la honte, à vous, brillants valets !
Prévenez tous les jours de la colère :
Pour que le feu consume vos brevets,
N’attendez par la foudre populaire !
Et vous, guerriers sans reproche et sans peur,
Montrez toujours, montrez vos croix d’honneur.


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