Claudine De La Mata
Biographie et légende d’Hégésippe Moreau
Dès son retour à Paris le poète reprend un rythme de vie qui lui sera fatal
car sa situation ne va certes pas s’améliorer : il se jeta dans les excès
précise Laurent-Pichat. La Biographie Didot ajoute
qu’il vivait d’expédients de toutes sortes et qu’il exerça mille et un petits
métiers pour survivre dont, entre autres, celui de maître d’étude, pion
en quelque sorte : un Petit chose
bien plus dramatique que celui
d’Alphonse Daudet.
Quant à Alphonse Séché il n’hésite pas à affirmer, lettre de Moreau à l’appui, que le poète prenait de fortes doses d’opium pour échapper à sa triste condition :
Lorsque ma journée est finie, écrivait-il (il avait repris son ancien métier de correcteur d’imprimerie), je me trouve dans ma chambre, seul, livré à moi-même, la nuit surtout… Ah ! c’est intolérable. Aussi, depuis quelques temps, j’ai imaginé de prendre de l’opium pour me faire dormir jusqu’à l’heure où je dois revenir à l’imprimerie. Je suis arrivé à savoir juste la quantité qu’il me faut pour cela, et j’ai besoin de l’augmenter un peu tous les jours pour contrebalancer les effets de l’habitude. Le samedi soir, je triple la dose pour escamoter le dimanche et ne me réveiller que le lundi matin.
Car, qu’il s’agisse de lettres, de contes, ou de poèmes, au milieu de toute cette misère, Moreau continue d’écrire ; comme le dit si bien Henri Lardanchet :
Il errait dans les rues de la ville, composant une ode à la Faim…
D’ailleurs, il ne sait faire que cela — écrire — et il le proclame à plusieurs reprises :
Je ne me crois pas un grand poète tant s’en faut, mais Dieu m’est témoin que je suis un vrai poète ; malheureusement je ne suis que cela.
Ou :
Je suis convaincu par l’expérience que je ne suis bon à rien, sinon à écrire.
Alors, il écrit à sa sœur
(contrairement aux Guérard, elle ne lui
aurait pas retiré sa confiance), il écrit des chansons et, quand les vers se
vendent décidément trop mal, il fait de la prose. Parfois, ces pièces sont
publiées dans des revues pour jeunes filles de bonne famille comme Psyché ou le Petit courrier des
dames.
Dans le domaine épistolaire tout d’abord, les lettres à sa sœur
,
qu’elles datent du premier ou du second voyage à Paris, sont parfois émouvantes
mais, surtout, elles rappellent nettement les doléances qui furent déjà celles
de Gilbert. Émouvante, cette lettre-ci :
Ma chambre est petite et froide, mais la nuit j’enveloppe mon cou d’un mouchoir qui a touché le vôtre, et je n’ai plus froid.
Plus récriminatoire, cette lettre-là, dans laquelle Moreau cite nommément Gilbert… ce qui est loin d’être un cas isolé dans l’œuvre du provinois malchanceux :
Le manque du nécessaire a toujours paralysé mes efforts en littérature. Pour gagner il faut avoir. Si j’étais un fils de famille au lieu d’être tout simplement Hégésippe Moreau, il y a longtemps, je crois, que j’aurais de la réputation.
(…)
Ces gens-là me laisseront mourir de faim ou de chagrin, après quoi ils diront : c’est dommage ! et me feront une réputation pareille à celle de Gilbert.
Quant au Myosotis, dans le domaine poétique, il s’agit de l’unique recueil publié, grâce à la bonne volonté de ses camarades, par Moreau peu de temps avant qu’il ne meure.
Dans ce recueil se trouvent consignés toutes les œuvres du poète — petits
contes et petits vers
— car il n’eut guère le temps d’écrire plusieurs tomes
d’œuvres complètes
.
Les contes, qui sont au nombre de cinq, ont fait l’objet d’une édition particulière sous le titre de Contes à ma sœur.
Dans ce recueil unique se trouvent bien des vers qui auraient pu être écrits par l’auteur des Adieux à la vie, qu’il s’agisse de l’élégie à la Voulzie :
Ou qu’il s’agisse d’une chansonnette intitulée À Médor et qui, comme son nom l’indique, s’adresse à un chien :
Dans le Gui de chêne — en prose — en général et dans la Chanson d’Ixus en particulier, on retrouve à peu près les mêmes accents ; Ixus n’étant autre que Moreau lui-même, et Macaria la lointaine Louise de Provins :
Alors mes frères m’ont dit : Tu n’es bon à
rien
, et m’ont battu ; mais je n’ai pas pleuré, parce que je pensais à ma
sœur. Et demain, on me prendra ma sœur, et demain, quand Macaria, assise au
banquet nuptial, dira : Quelle est donc cette fumée bleue qui monte là-bas
derrière ce bois de lauriers ? — Oh ! ce n’est rien, diront les convives. C’est
le bûcher d’Ixus, le pauvre gui de chêne qu’un coup de vent a fait mourir. 21
Il en va très exactement de même en ce qui concerne un des derniers poèmes d’Hégésippe très explicitement intitulé À mon âme et dont le refrain, tout a fait digne de Gilbert, répète à l’envi :
Bien entendu, le personnage tourmenté du Tasse, qui a inspiré Goethe et qui
se trouve en bonne place dans la liste de Colnet du Ravel, ne pouvait laisser
indifférent le famélique Moreau ; toutefois, sans doute en l’honneur d’une autre
sœur
, ce poème doit son titre à une problématique sœur du Tasse qui
aurait entouré et assisté le poète italien jusqu’à ses derniers instants. La Sœur du
Tasse reprend tous les thèmes chers à Hégésippe Moreau :
Pour terminer, voici ce qu’écrivit Moreau en butte à l’adversité dans son provincial Diogène :
La Voulzie, À Médor, le Gui de chêne, À mon âme, la Sœur du Tasse… Beaucoup de vers de l’infortuné Hégésippe ressemblent à tous ceux-là et il faudrait les citer tous. Cependant, deux pièces méritent d’être connues dans leur intégralité : un Souvenir à l’hôpital, bien sûr, mais, aussi, un morceau de bravoure dont le seul titre suscite l’intérêt : À l’auteur de Chatterton.
Moreau connut-il personnellement Alfred de Vigny ?
Pour le moins, on dit qu’il fréquenta copieusement la gent littéraire du
dix-neuvième siècle, qui se fait parfois Bohème
littéraire, et qui se
rassemble dans des lieux précis, qu’elle a totalement investis, et dont le nom
seul réveille bien des fantômes…
Cette gent littéraire est décrite de manière fort exhaustive et fort amusante par Moreau lui-même ; tout ce beau monde assiste à la réception de M. Scribe à l’Académie Française, ce texte fait parti de ceux rassemblés par Armand Lebailly dans ses Œuvres inédites d’Hégésippe Moreau :
On voyait surgir, au milieu de la foule, la tête échevelée de M. de Balzac, la tête désordonnée de M. Gustave Planche, la tête mélancolique de M. Ballanche, la tête blonde de M. Alfred de Musset, la tête brune de M. Alexandre Dumas, la tête grise de M. Bayard, la tête boursouflée de M. Janin, la tête osseuse de M. Alphonse Karr, la tête massive de M. Eugène Sue, la tête pâle de M. Victor Hugo, la tête expressive de M. Méry, la tête aiguë de M. Mélesville, la tête élégante de M. Roger de Beauvoir, la tête épigrammatique de M. Paul de Vermond, la tête jaune de M. Antony Deschamps, la tête chiffonnée de M. Paul Foucher, la tête chauve de M. Étienne Bequet, la tête rêveuse de M. Alfred de Vigny, la tête vigoureuse de M. Frédéric Soulié, la tête critique de M. Sainte-Beuve, et autres têtes célèbres qui se couronneront à leur tour de l’auréole de l’Académie.
Que de noms célèbres dans cette énumération quelque peu rabelaisienne ! 22
Il parait que, parmi toutes ces têtes illustres, on aurait pu voir, à une certaine époque, la tête probablement émaciée — et pour cause ! — d’Hégésippe Moreau que plusieurs anecdotes décrivent comme évoluant avec une relative aisance dans ce milieu littéraire aujourd’hui mythique. Armand Lebailly et Georges Benoit-Guyod ajoutent même qu’il était parfaitement accepté, voire intégré, par la société de ses plus illustres condisciples ; de célèbres cafés peuvent donc se targuer de l’avoir compté parmi leur clientèle habituelle, comme l’assure Benoit-Guyod :
Au café Voltaire, il (H. Moreau) jouissait d’un commencement de renommée auprès de quelques littérateurs de bonne foi et sans parti pris. Il allait bientôt faire son entrée au Café du Panthéon et y connaître Gérard de Nerval, Arsène Houssaye, Champfleury, Henry Murger et d’autres notables figures de la Bohème des lettres.
Il arrivait parfois que tout ce beau monde, abandonnant temporairement les ambiances enfumées, fasse de printanières parties de campagne ; d’après Armand Lebailly Hégésippe Moreau participa à au moins une de ces balades bucoliques :
Par une matinée d’avril 1838, Hégésippe Moreau
vint au Café du Panthéon, où se réunissaient régulièrement Gérard de Nerval,
Arsène Houssaye, Champfleury, Henry Murger et quelques jeunes gens célèbres
aujourd’hui. Paul Vand den Heil, un ami commun, voulant ouvrir à l’auteur du
Digoène les portes du cénacle, s’empressa de leur
présenter M. Moreau.
Ce poète-là leur semblait tout à fait
inconnu. Cependant on était aux premiers lilas, et les rêveurs partirent aux
champs. Moreau, donnant le bras à Paul Van den Heil, fut de la partie. Dans la
route, il ne dit que quelques mots. On admira sa grande insouciance et sa grande
philosophie. On constata que ce beau débraillé, tour à tour silencieux et
éloquent
, était un poète. De ce jour-là, Moreau fut du cénacle ; mais il
n’en profita pas. Il se contenta d’aller causer deux ou trois fois avec Arsène
Houssaye et Musette, dans la rue du Doyenné, puis il disparut avec les dernières
roses. Hégésippe Moreau, sans le dire à ses nouveaux amis, venait d’entrer à
l’hôpital. 23
Hégésippe Moreau n’aurait donc pas été un arriviste intéressé, mais exista-t-il jamais un lieu plus légendaire que cette rue du Doyenné où se réunissaient les enfants, perdus ou non, du Romantisme ?
Naturellement, la route de Moreau et celle de Vigny finiront par se croiser et ce sont encore Benoit-Guyod et Lebailly qui content abondamment cette rencontre qui, effectivement, parait vraisemblable.
Toutefois, avant de s’émouvoir de cette réunion, il est malheureusement préférable de savoir que Paul Viallaneix, dans Vigny par lui-même, a cru bon de préciser :
Toute clientèle de poètes besogneux comptait, pour vivre, sur la générosité du père de Chatterton.
Heureusement, rien ne dit que cette réflexion de Paul Viallaneix puisse
s’appliquer à Moreau qui deviendrait alors un poète besogneux
… doublé de
ce qu’il faut bien appeler un pique-assiette
, même s’il versifie un
peu.
D’ailleurs, ultérieurement, ce même M. Viallaneix tempère quelque peu sa péremptoire assertion : Vigny accueille volontiers les jeunes écrivains qui le consultent. Se souvenant de Chatterton, il leur accorde la confiance qui eût sauvé son héros du désespoir et de la mort. Se rappelant ses propres doutes, il se reconnaît en ses cadets indécis. Il leur tient le langage d’un complice, d’un frère…
Le récit édifiant d’Armand Lebailly est donc peut-être absolument conforme à la réalité des faits et des sentiments :
Voilà un trait qui trouve ici sa place. Pour assister à la première représentation de Chatterton, Moreau fut obligé de mettre son gilet au Mont-de-Piété. Sous l’émotion de ce beau drame, il écrivit le soir même à M. de Vigny pour le féliciter de son succès et lui expliquer sa détresse. L’auteur d’Éloa répondit de suite en adressant à l’auteur du Myosotis trois francs pour dégager son gilet avec un billet de stalle d’orchestre et Chatterton put encore une fois être applaudi par son frère.
Les choses ne s’arrêtent pas là puisque Armand Lebailly qui, décidément, goûte fort cette rencontre, complète sa narration par la note suivante :
Un soir, dans sa détresse, il (H. Moreau)
écrivit à Monsieur de Vigny qu’il était mourant. Les deux poètes qui s’étaient
vus depuis Chatterton, s’étaient compris. M. de Vigny
accourut, mais le pauvre Moreau venait d’être mis à la porte par le concierge
qui ne put donner sa nouvelle adresse ; cependant le portier assura qu’il devait
revenir chercher un petit paquet qu’il avait laissé pour vingt francs. Désolé,
l’auteur de Stello laissa sa
bourse en disant : C’est pour lui quand il reviendra.
C’était la bourse d’un poète pour un poète.
Cette poignante anecdote, Georges Benoit-Guyod, en parfait biographe, ne pouvait la passer sous silence… Et il s’y attarde avec la plus extrême obligeance. Tout d’abord il trace le portrait de Chatterton dont la destinée tragique ne pouvait laisser indifférent le provinois ; puis il narre la rencontre de Vigny et de Moreau a peu près dans les mêmes termes qu’Armand Lebailly, Moreau ayant demandé de l’aide à Vigny, ne serait-ce que pour pouvoir aller applaudir Chatterton :
Hégésippe voulut assister à sa première représentation, mais, comme il était alors dans une détresse particulièrement aiguë qui l’avait obligé à mettre en gage au Mont-de-Piété son gilet, il écrivit à Vigny et reçut en réponse un billet d’orchestre à prix réduit. Moreau assista donc au drame, qui fut porté aux nues par une salle et une critique enthousiastes.
Il faut alors croire que l’effet de Chatterton fut durable puisque c’est trois mois après qu’il aurait écrit ce fameux poème intitulé À l’auteur de Chatterton que Benoit-Guyod désigne ainsi :
C’était la plainte d’un Chatterton contemporain, encore vivant celui-là, et qui ne reculait pas, à l’égard du génial Vigny, devant un acte de mendicité.
Et, bien sûr, Moreau va porter le fruit de son travail (de ses insomnies sans doute) à son destinataire, Vigny :
Une pluie froide et fine tombait depuis le matin, mais Hégésippe, qui était à jeun, n’en quitta pas moins son logis pour traverser, à pied, la moitié de Paris afin d’accomplir son offrande.
Tous ces renseignements, Benoit-Guyod les tient de Vallery-Radot qui rencontra Moreau ce jour-là et à qui ce dernier se confia, lui disant qu’il avait laissé son texte au portier car il n’avait pas osé se présenter au maître avec ses oripeaux de mendiant. Vallery-Radot lui proposa alors de lui offrir un thé mais Moreau lui avoua sans honte aucune qu’il préférait que son ami consacre cette somme à lui payer un bouillon, aliment plus approprié pour quelqu’un qui n’a rien mangé depuis plusieurs jours. Car c’est bien la faim qui présida à la rédaction de cet hommage à Vigny comme en témoigne cette réponse de Moreau à une question bien intentionnée de son ami Vallery-Radot :
Ainsi, lui dit son ami, vous faisiez des vers cette nuit, souffrant de la faim ?
Souffrant ? non. Mais la faim me tenait éveillé. Ne croyez pas d’ailleurs qu’elle amortisse l’imagination ; c’est tout le contraire, quand elle ne dépasse pas un certain degré. La faim me tient souvent lieu de café.
Voici donc ce que la faim dicta à Moreau cette nuit-là :
Au Théâtre-Français deux beaux noms sur l’affiche
M’attirèrent un soir : ce soir-là j’étais riche ;
J’avais pour avenir deux francs ; et je les donnai ;
Et je vis Chatterton, et chaque mot du drame
Eut un écho si long et si doux dans mon âme
Que la nuit, seulement bien tard, je soupçonnai
Qu’en ce jour de bonheur je n’avais pas dîné.
Seul, j’écoutais encor d’un bruyant auditoire
Le sanglot triomphal répéter : Gloire, gloire
À la muse qui n’a ni sang, ni fange au pied,
Par qui la nouvelle ère au théâtre commence !…
J’écoutais, je mêlais ma note au chant immense,
Puis j’ajoutais tout bas, palpitant, l’œil mouillé :
Qui s’inspira si bien doit sentir la pitié.
Hélas ! quand il évoque une infortune morte,
Le poète pieux, s’il savait qu’à sa porte
L’immortel Chatterton vit encor pour souffrir ;
S’il savait qu’à Paris, tous les jeunes poètes,
De ce bruyant désert pâles anachorètes,
N’ont plus, en s’abordant, qu’un salut à s’offrir :
Le salut monacal : Frères, il faut mourir !
Que l’un d’eux, demi-nu, dans sa chambre malsaine
Pousse un drame réel à sa dernière scène,
Et sans étoile au ciel, sans bon ange ici-bas,
Pour éviter la faim, courant au suicide,
Tient levé, maintenant, sur son estomac vide
Le fer qui découpait le pain de ses repas
Et qui, depuis trois jours, trois longs jours ! ne sert pas !
Puis, se ressouvenant qu’il est bien jeune encore,
Qu’après l’hiver l’oiseau se ranime et picore,
Que ses chansons vivraient peut-être s’il vivait,
Qu’un ange sur son front, marqué de l’anathème,
Peut l’effacer un jour avec ce mot : je t’aime !
De mille illusions repeuplant son chevet,
Dans les bras de la Faim s’endort… S’il le savait !
Poète, il aiderait la jeune muse à vivre ;
Il n’a pas renfermé tout son cœur dans son livre ;
Son culte pour les morts s’étendrait aux mourant…
Et moi, je serais fier d’aimer ce que j’admire,
D’avoir une main noble à baiser, et de dire,
Quand son nom planerait sur les noms les plus grands
Je lui dois l’espérance et la vie… et vingt francs !
Trois ans après avoir dédié ces quelques vers à l’auteur de Chatterton Hégésippe Moreau poussera effectivement un
drame réel à sa dernière scène
, suivant en cela les traces de Chatterton, certes, mais aussi et surtout celles de Gilbert
et de Malfilâtre…
Macaria, la fille, et Ixus, le garçon, sont les enfants d’Hercule et de Iole, des Héraclides donc ; mais des Héraclides bien tendres, bien faibles et peu aptes au maniement des armes… Surtout en ce qui concerne Ixus qui n’a pas un comportement en conformité avec sa qualité d’Héraclide et qui ne répond pas aux espérances de ses frères guerriers. Ils seront tous deux sacrifiés pour donner la victoire aux descendants d’Hercule, selon les conseils de la pythie de Delphe. [[Retour]]
Toutes les célébrités citées par Hégésippe n’ayant pas bénéficié de la même notoriété au fil du temps :
Gustave Planche : (1808-1857) — Littérateur et critique qui collabora au Globe, à l’Artiste, à la Revue des deux mondes. Il fut aussi le collaborateur de Balzac dans la Chronique de Paris. Il se fit par ailleurs beaucoup d’ennemis car ses critiques ne ménageaient personne.
Pierre, Simon Ballanche : (1776-1867) — Il
fut à la fois imprimeur, éditeur et poète ; poète mystique et parfois très
hermétique. Il fut aussi l’ami de Mme Récamier. Couronné, effectivement, de l’auréole de
l’Académie
.
Jean, François, Alfred Bayard : (1796-1853) — Cet auteur dramatique prolixe fut le collaborateur de Scribe, dont il épousa la nièce.
Jules Janin : (1804-1874) — Littérateur,
journaliste, critique de théâtre qui collabora à de très nombreux journaux : au
Figaro, à la Quotidienne,
au Messager, au Journal des
Débats… Il publia aussi une sorte de roman bizarre : L’Âne mort et la femme guillotinée, où il parodiait la
littérature romantique en accumulant à plaisir des horreurs. Toutefois, il passe
surtout pour un amuseur ou un auteur dit léger
.
Jean, Baptiste, Alphonse Karr : (1808-1890) — Son tout premier roman, qui reste le plus célèbre, lui permit d’entrer au Figaro : Sous les tilleuls en est le titre. Il fut encore un journaliste brillant et un romancier à la mode, avec un petit côté mondain et superficiel. De plus, on craignait beaucoup ses pamphlets qui pouvaient être redoutables.
Joseph Méry : (1798-1865) — C’était un littérateur mais, aussi, un aventurier et, à l’occasion, un repris de justice ; auteur du Nain jaune et de nombreuses chroniques étincelantes. Il était l’ami et le collaborateur de Barthélemy pour, entre autres, la fameuse Némésis. Il collabora aussi avec Nerval pour l’Imagier de Haarlem.
Anne, Honoré, Joseph Duverier dit Mélesville : (1787-1865) — Auteur dramatique, trois cent quarante et une pièce dans tous les genres ! Il collabora avec Scribe et Bayard ; ses pièces d’une grande vivacité connurent un certain succès.
Édouard, Roger de Bully dit Roger de Beauvoir : (1809-1866) — Écrivain romantique
militant
. Son épouse elle-même, Éléonore, Léocadie
Doze fut une femme de lettres et une actrice célèbre (ils
divorcèrent…). Le roman le plus connu de Roger de
Beauvoir a pour titre le Café Procope.
Paul de Vermond est le pseudonyme d’Eugène Guinot : (1812-1861) — Il collabora à divers journaux et fut le rédacteur du Siècle dans lequel il signait du nom de Pierre Durand. Il se servait du nom de Paul de Vermond pour signer des vaudevilles dont, entre autres, la Restauration des Stuart qui l’obligea à quitter le Siècle à cause de son contenu très réactionnaire.
Paul, Henri Foucher : (1810-1875) — Auteur dramatique prolifique jusqu’à la fin de ses jours. Il était le beau-frère de Victor Hugo et ils écrivirent en collaboration Amy Robsart.
Étienne Béquet : (1800-1838) — Humaniste
et auteur dramatique particulièrement précoce : à peine adolescent, il était
déjà critique littéraire au Journal des Débats ; il
signait ses articles de la simple lettre R
. Sa nouvelle la plus connue,
Marie ou le mouchoir bleu, le sauve un peu de
l’oubli. Il était adonné à des excès d’intempérance qui hâtèrent une fin
prématurée
(Larousse).
Frédéric Soulié : (1800-1847) — Romancier et auteur dramatique né à Foix. D’abord il ne connut aucun succès et tous ses drames furent un fiasco. Le succès vint enfin avec les Mémoires du diable, succès qui ne devait plus le quitter. Il est aussi l’auteur d’un roman du genre frénétique et horrible : les Deux cadavres.
Quant à Augustin, Eugène Scribe lui-même (1791-1861), il s’agit d’un auteur dramatique qui s’essaya dans bien des genres : le vaudeville, le mélodrame, l’opéra-comique… Ses pièces, pleines de charme et de mouvement, avaient un grand succès. Il écrivit le livret de Fra Diavolo pour Auber, de Robert le diable pour Mayerbeer, de la Juive pour Halévy… [[Retour]]
Nerval n’a plus besoin d’être présenté, il n’en va pas forcément de même en ce qui concerne Houssaye, Champfleury ou Henry Murger :
Arsène
Housset dit Houssaye : (1815-1896) — Littérateur
du genre précieux, ami, donc, de divers membres de la Bohème
comme
Nerval. Il fut aussi le directeur de plusieurs journaux très importants comme
l’Artiste ou la
Presse.
Jules Husson dit Fleury ou Champfleury : (1821-1889)
— Il fut le chef de file de l’école réaliste mais, surtout, un provincial
venu chercher la fortune littéraire à Paris
(il était originaire de Laon,
dans l’Aisne), et qui devint un membre éminent de la Bohème
. Il est
l’auteur du Chien-caillou et de Fanny Minoret. Il était l’ami de Baudelaire, de Nadar, de
Nerval…
Henry Murger : (1822-1861) — D’abord
secrétaire de Tolstoï puis, pris lui aussi de la passion des lettres, il devint,
évidemment, un des membres de la Bohème
. Il est d’ailleurs l’auteur de
Scènes de la vie de Bohême.
Enfin, Musette, avec qui bavardaient
Houssaye et Moreau a sûrement existé… même s’il s’agit d’un type féminin
créé par Henry Murger.
Ses caractéristiques sont les suivantes : délicate et raffinée, elle aime les dentelles, les bijoux, les étoffes précieuses… et un poète pauvre qu’elle trompe de temps à autre ; de préférence avec un ressortissant britannique rencontré dans la rue, ce qui explique qu’elle mette au moins trois jours pour rejoindre son poète qui habite dans Paris tout près d’elle. Henry Murger précise même que ces trois jours il les lui faut pour aller de la rue Taitbout à la rue des Canettes. Pour ceux qui connaissent Paris…
Musette deviendra Musetta dans l’opéra de Puccini la Bohème qui doit beaucoup aux Scènes de la vie de Bohème d’Henry Murger.
Quant à Paul Van den Heil, il semble bel et bien
destiné à rester un illustre inconnu pour tout autre qu’Armand Lebailly… tout
ami commun
qu’il fut. [[Retour]]